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AIKIDO JINSEI - huitième partie

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AIKIDO JINSEI - huitième partie Empty AIKIDO JINSEI - huitième partie

Message  tof Sam 8 Nov - 20:49

Les chapitres qui vont suivre sont tirés d’Aikidô jinsei (Une vie consacrée à l’aïkido),
l’autobiographie de Gozo Shioda.

Ces extraits sont reproduits avec la gracieuse permission de l’auteur et de sa maison d’édition,
Takeuchi shoten shinsha.
Traduction française: Guy LeSieur
Reproduit ici avec l'aimable autorisation de Monsieur Stanley Pranin - Aiki News © .

huitième partie

L’entraînement au dojo Ueshiba
Maître Ueshiba avait l’habitude de dire « soyez honnête et ayez une confiance aveugle envers votre professeur ». Ainsi, par respect pour son maître, un élève devrait être prêt, et sans aucune hésitation, à manger des excréments si celui-ci le lui demandait. Ueshiba sensei était d’avis que ce genre de médecine s’avérerait très bénéfique à long terme pour le disciple. Évidemment, l’exemple donné est extrême, mais il démontre très bien le degré de confiance qu’un élève devrait avoir envers son maître. Jour après jour, j’ai répété la même routine en m’appliquant.

Ueshiba sensei était un homme très religieux. Il considérait M. Onisaburô Deguchi, de la religion Ômoto, comme son maître spirituel. M. Deguchi représentait pour lui un maître qui lui permettrait d’acquérir un pouvoir inépuisable. C’est pour cette raison que les services religieux quotidiens du matin et du soir de Ueshiba sensei étaient des événements majeurs. Il commençait ces cérémonials en récitant des prières shintoïstes et, ensuite, il rendait grâce aux kamis ou divinités, en commençant par la Déesse du Soleil et les kamis de l’eau et de l’herbe. L’ensemble du rituel durait environ une heure trente. Ueshiba sensei était particulièrement strict à l’égard des kamis. En fait, le moindre accroc des étudiants au rituel quotidien provoquait sa colère. Ce n’était qu’un des aspects du très dur entraînement que nous devions subir. Personnellement, je ne parvenais pas à croire aux kamis et je ne faisais que singer mon maître.

Durant l’une de ses conférences, Ueshiba sensei a dit : « L’homme est un temple de chair où résident les kamis. Nous avons le devoir de toujours garder notre corps pur pour recevoir les enseignements des kamis ». Cela, pour moi, c’était vrai. J’ai aussi fait quelques recherches personnelles sur la nature de l’aïkido. Par exemple, je m’étais procuré un poisson rouge que j’avais placé dans un bocal, et pour étudier ses réactions, je tapotais légèrement sur le bocal. Une autre expérience à laquelle je me suis livré consistait à suspendre un bâton au plafond de ma maison au-dessus d’un endroit où je passais souvent. Si je ne faisais pas attention, il me frappait. C’est ainsi que j’étais toujours conscient du positionnement de mon corps de son déplacement dans l’espace. J’ai aussi développé l’habileté à n’offrir aucune ouverture à l’ennemi et à aiguiser mon intuition.

Un entraînement sévère
Une fois par année Ueshiba sensei organisait un entraînement intensif à l’extérieur pendant l’été. Cet intensif se déroulait d’ordinaire dans la ville de Takeda non loin de celle de Himeji dans la préfecture de Hyogo. Une quarantaine d’uchi deshi (disciples en résidence), prenaient part à cet intensif qui durait une vingtaine de jours.

Le programme de la journée commençait à cinq heures par la récitation de prières durant une heure trente. Puis, des rituels de purifications étaient exécutés durant une autre heure. Après le petit-déjeuner, il y avait un entraînement qui débutait vers dix heures pour se terminer vers midi. Une période de repos de deux heures suivait le déjeuner. L’entraînement reprenait à quatorze heures pour se terminer à dix-huit heures. L’intensif se déroulait exclusivement à l’extérieur. C’était vraiment pénible et sévère.

M. Tsutomu Yakawa, l’un des uchi deshi de l’époque, était un homme d’une grande force physique. Il pouvait facilement lever une pierre de meule japonaise d’une seule main pendant qu’il était étendu sur le dos. Un jour, Yakawa décida de tenter de déraciner un arbre d’environ dix centimètres de diamètre qui se trouvait dans le jardin de la résidence. Malgré des efforts qui lui avaient empourprés le visage, il n’avait pu déraciner l’arbre apparemment bien ancré au sol. Ayant observé les efforts infructueux de son élève, Ueshiba sensei s’exclama : « Yakawa, que fais-tu ? Allez ! Laisse-moi essayer ! » Il enserra l’arbre dans ses bras et l’instant d’après l’arbre était déraciné. Même Yakawa devait admettre sa défaite devant cet exploit. J’avais moi-même été témoin de la facilité avec laquelle le maître avait déraciné l’arbre alors, je tentai d’en faire autant. Ayant trouvé un arbre de même dimension, je fus incapable de le faire bouger. À l’image de l’expression courante, il était « bien enraciné dans le sol ». Ce haut fait parmi d’autres prouve à quel point le maître était un être extraordinaire. On le surnommait le « kami protecteur » et ses exploits dépassaient ce qui était à la portée du commun des mortels.

Attaque avec une vraie lance
Un jour, alors qu’il se trouvait à Takeda, Ueshiba sensei reçut la visite d’un procureur du ministère public. Alors qu’ils avaient une plaisante conversation dans une pièce de quatre tatamis et demi, Ueshiba sensei demanda à l’un de ses élèves de l’attaquer de toutes ses forces avec une vraie lance. Le maître portait pour l’occasion un kimono de cérémonie en soie. La pièce était très étroite et la distance de combat s’en trouvait d’autant plus réduite. L’élève avait reçu l’ordre d’exécuter l’attaque avec vigueur. Le maître devait donc éviter celle-ci instantanément. Au moment de l’attaque, le maître ouvrit son corps et évita la lame. Cependant, la pointe de la lance trancha une partie de la manche du kimono du maître qui tomba à terre en tourbillonnant. L’épouse du maître, ayant été témoin de la scène, lui demanda poliment d’arrêter. Ceci mit un terme à cette pratique pour le moins audacieuse. Sans que son habituelle expression de gentillesse ne change le moindrement, il dit : « Qu’importe sa vitesse, l’attaque ne peut toucher mon corps. La lance m’a épargné ». Ces paroles n’étaient vraies que parce que le maître était un homme exceptionnel. S’il avait été un homme ordinaire, comme nous tous, il aurait été embroché. J’ai une réserve presque inépuisable d’anecdotes de ce genre à propos du maître.

À cette époque, Ueshiba sensei enseignait la moitié du mois à Osaka et l’autre moitié à Tokyo. C’est à l’époque du Club Sumitomo que les premiers entraînements à Osaka se déroulèrent. Grâce au marquis Toshitame Maeda ? un Lieutenant général de l’armée qui avait étudié au dojo d’Ueshiba sensei et mort en service à Bornéo? parent par alliance de la famille Sumitomo le nom d’Ueshiba sensei parvint aux oreilles de M. Matsune Ogura. Ce dernier était un membre très influent de l’organisation Sumitomo. Ce qui fit que beaucoup d’employés de l’organisation ont participé aux cours d’Ueshiba sensei qui se donnaient au Club Sumitomo situé à Horifune-cho.

Ueshiba sensei a aussi enseigné aux employés de la compagnie des Autobus Bleus d’Osaka et à des réservistes de l’armée. Il a aussi enseigné à plusieurs instructeurs gradés de budô dont Koga sensei un maître de kendo de du poste de police de Shimanouchi d’Osaka. Le dojo d’Ueshiba sensei à Osaka est toujours situé à Suita. Lorsqu’Ueshiba sensei ne se trouvait pas à Osaka, c’est Rinjirô Shirata qui était chargé de l’enseignement. Tsutomu Yakawa, aujourd’hui décédé, donnait des cours à plusieurs endroits dans Osaka particulièrement au dojo des forces spéciales de la police.

Le maître et son aversion pour l’électricité
J’accompagnais Ueshiba sensei dans tous ses déplacements. L’exceptionnel sens de la perception du maître le distinguait des êtres humains ordinaires et particulièrement sa sensibilité à l’électricité. Il éprouvait une forte aversion envers celle-ci étant donné l’effet nocif qu’elle produisait chez lui. À cette époque, le train électrique des Chemins de fer nationaux qui desservait Tokyo se nommait le shôsen. Pour se rendre enseigner au dojo de maître Shûmei Ôgawa, qui se trouvait à Meguro, le maître aurait pu l’emprunter, mais ne l’utilisait jamais. Il lui préférait le shiden, plus tard nommé le toden, un tramway qui utilisait beaucoup moins d’électricité que le shôsen et par conséquence produisait moins d’effets néfastes sur le sensei. Pour se rendre à Meguro, par le tramway plutôt que le shôsen, il fallait plus d’une heure trente. On devait d’abord monter à Nuke Benten pour se rendre à Tsunoazu, puis transférer de voiture pour Yotsuya Shiomachi et ensuite, utiliser une autre correspondance qui nous menait à Gypranzaka pour finalement arriver à Meguro. À cette époque, le billet ne coûtait que 7 sen et était valide pour toutes destinations. Vous pouviez même l’utiliser pour les correspondances. Ce trajet éprouvait particulièrement le disciple qui accompagnait le maître. Il devait porter tout le barda, larmes et équipement de pratique compris. Si le shôsen avait été utilisé, la durée du trajet aurait été réduit de moitié. Mais même si le trajet s’avérait pénible en shiden, tous faisaient une économie, car il n’en coûtait pas plus, 14 sen au total par voyageur à l’aller et au retour, pour voyager deux fois plus longtemps.

Un jour, alors que j’accompagnais le maître et que nous voyagions en tramway, un voleur à la tire tenta de faire main basse, à mon insu, sur le porte-monnaie que le maître portait dans son kimono. Le maître ne portait jamais de vêtements occidentaux. La manœuvre du lascar m’avait échappée. J’ai cependant vu le maître se croiser les bras sur sa poitrine pour contrer la tentative de vol. Lorsque nous sommes arrivés à Tsunohazu, le maître s’adressa à l’homme en question : « Vous avez échappé une pièce de 10 sen », lui dit-il. Celle-ci appartenait pourtant au maître et je ne comprenais ce qui motivait le maître à la lui donner. Ce n’est que plus tard que le maître me dit : « Cet homme c’est donné beaucoup de peine à essayer de me voler mon porte monnaie. C’est pour le récompenser de ses efforts. » Je n’ai pu m’empêcher d’éprouver de la pitié pour la misérable tentative de ce malfaiteur.

Entraînement à l’école de la marine de guerre
À l’époque où Ueshiba sensei enseignait à l’école de la marine de guerre, son directeur était l’amiral Sankichi Takahashi. Je n’ai accompagné le maître qu’une seule fois à cet endroit. Sa Très Gracieuse Majesté le prince Takamatsu y étudiait à cette école, c’est pourquoi l’atmosphère à l’intérieur y était tendue. Comme Ueshiba sensei était un loyaliste, il adhérait à la règle « l’empereur avant tout ». En conséquence, il fit l’impossible pour ne pas manquer de courtoisie à l’égard d’un membre de la famille impériale. Pour cette raison le maître nous avait interdit, lorsqu’on chutait sur ses projections, de lever nos jambes de peur de blesser un membre de la famille impériale au visage avec nos pieds. Il fallait donc s’écraser comme du poisson séché ! Conséquence de cette démonstration bien planifiée, six princes impériaux ont commencé à s’entraîner. Ce furent Ses Très Gracieuses Majestés les princes Takamatsu, Higashikuni, Takeda, Chichibu, Riô et Kitashirakawa.

Le prince et la princesse Takeda se sont entraînés au palais royal où Ueshiba sensei se rendait pour leur enseigner. Le maître me demandait souvent de l’accompagner lors de ses visites au palais. Il ne voulait pas, de quelques manières que ce soit, se montrer impoli envers la famille impériale. Sa Majesté impériale la princesse Takeda était la fille du comte Sano. Elle était très belle. Lorsque je lui servais de partenaire durant la pratique, je la traitais avec une extrême délicatesse comme si elle était d’une grande fragilité. À peine me touchait-elle, aussi légèrement que cela fût, je m’élançais aussi loin que possible pour chuter et la faire bien paraître. À mon avis, cette expérience a été très utile pour mon propre entraînement en m’apprenant à bien exécuter les chutes frappées. Parmi les six princes qui se sont intéressés à la pratique, ce sont les princes Higashikuni, Riô et Takeda qui ont persévéré le plus longtemps, soit environ trois années.

Entraînement à Kyoto
À mi-chemin du sommet de la montagne qui se trouve dans le Jardin botanique de Kyoto, il y a un endroit où Ushiwakamaru, le nom d’enfance de Yoshitsune Minamoto, avait l’habitude de s’entraîner. Formé d’un bassin, cet endroit était idéal pour un entraînement à l’extérieur d’aïkido. À 50 mètres de là se trouvait une petite résidence de trois pièces que l’on disait être l’endroit où Razan Hayashi, le célèbre confucianiste de l’époque Edo, avait vu le jour. Ueshiba sensei, durant une vingtaine de jours, louait cette résidence pour y vivre et s’y entraîner accompagné de deux ou trois de ses meilleurs disciples dont Rinjirô Shirata du dojo d’Osaka, Saburô Wakuta, l’ancien sumotori Tenryû, et moi-même.

Durant cet entraînement intensif, lorsqu’Ueshiba sensei gravissait une pente, il nous demandait de le pousser dans le dos. C’est à tour de rôle que nous nous exécutions. Durant cet exercice, le maître se renversait de presque tout son poids vers l’arrière et gravissait la pente appuyé de cette manière. J’étais de nature espiègle et j’avais décidé de lui jouer un tour. Aussitôt qu’il s’est appuyé sur mes mains, je les ai retiré pour qu’il bascule complètement vers l’arrière et tombe. L’instant d’après, il se tenait solidement sur ses jambes comme si rien n’était arrivé. Le maître dit alors : « Qu’est-ce que tu fais Shioda ? Les kamis qui me protègent m’ont averti que tu me jouerais un tour ». Il m’ont dit : « Attention ! Il va s’exécuter. Il va le faire. » J’étais abasourdi et j’ai réalisé avec encore plus de certitude à quel point le maître incarnait l’idéal du guerrier qui lit dans les pensées de l’adversaire. Ma conviction qu’Ueshiba sensei était véritablement un kami martial toujours alerte et n’offrant aucune ouverture à une attaque s’en trouvait d’autant plus renforcée. C’était là une autre de ces innombrables anecdotes concernant le maître.

M. Kenzô Futaki, professeur honoraire à l’Université impériale de Tokyo et membre de l’Ordre du mérite culturel, était renommé pour avoir créer une diète à base de riz brun. Le professeur Futaki, qui vécut jusqu’à l’âge vénérable de 96 ans, habitait tout près du dojo et nous étions certains de le voir à la pratique du matin. Il avait l’habitude de se présenter déjà habillé de son vêtement de pratique. L’hiver, il se présentait de la même façon, mais devait porter une cape comme survêtement. Ueshiba sensei avait énormément de respect pour le professeur et l’invitait à pratiquer les techniques qui lui plaisaient. C’est ainsi que le professeur pratiquait librement avec quatre ou cinq des jeunes élèves du dojo. Lorsque la fatigue le gagnait, il disait : « Bien. Ça sera tout pour aujourd’hui » puis se frappait dans les mains et retournait chez lui.

Un jour, le professeur Futaki dit à Ueshiba sensei : « Sensei, je vais vous attaquer avec ce bokken, pourrez-vous évitez la frappe ? » et Ueshiba sensei de lui répondre en souriant : « N’importe quand. Je vous en prie ». Lorsque le professeur attaquait à la tête le maître durant les démonstrations, le maître évitait la frappe en effaçant son corps vers la gauche. Cette fois-ci le professeur en déduisit que le maître allait faire la même manœuvre et lança son attaque vers la gauche. Ueshiba sensei ne bougea pas et l’attaque fendit l’air. « Vous m’avez eu ! » s’exclama le professeur. Lorsque le professeur voulu savoir comment Ueshiba sensei avait pu savoir dans quelle direction l’attaque serait lancé, il répondit : « Votre esprit était déjà à droite et votre attaque sans âme était d’une telle lenteur ! » En entendant ces paroles, le professeur eut l’air perplexe et de notre côté le sens de cette phrase nous échappait.
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