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AIKIDO JINSEI - cinquième partie

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AIKIDO JINSEI  - cinquième partie Empty AIKIDO JINSEI - cinquième partie

Message  tof Sam 8 Nov - 20:32

Les chapitres qui vont suivre sont tirés d’Aikidô jinsei (Une vie consacrée à l’aïkido),
l’autobiographie de Gozo Shioda.

Ces extraits sont reproduits avec la gracieuse permission de l’auteur et de sa maison d’édition,
Takeuchi shoten shinsha.
Traduction française : Guy LeSieur
Reproduit ici avec l'aimable autorisation de Monsieur Stanley Pranin - Aiki News © .

cinquième partie
Le labeur
Consacrer beaucoup de temps à la pratique de l’aïkido dans un dojo pour maîtriser les techniques est de première importance, cela va de soi. Cependant, je fais miennes les paroles de Sogen Zenshi, l’un des patriarches de la secte Rinzai du zen japonais : « Marcher, s’arrêter, s’asseoir, dormir voilà ce qui constitue notre véritable dojo ». Cette maxime je l’ai faite mienne et je la garde constamment à l’esprit. J’espère que tous ceux qui pratiquent l’aïkido sauront en faire autant. Que toutes les circonstances de la vie quotidienne deviennent occasions de pratique : marcher, prendre le train, mange, etc.

L’observation d’un poisson rouge dans son bol d’eau constitue un autre exemple. Plutôt que de vous contenter de l’observer, vous pouvez tapoter la paroi pour étudier ses réactions ou s’il y a plusieurs poissons dans le bol apprendre la façon dont ils se déplacent sans se heurter.

Vous pouvez encore disposer un bâtonnet au-dessus de la porte de telle façon que lorsque vous ouvrirez la porte, il tombe. Ainsi, vous pourrez vous entraîner à l’éviter lorsque vous ouvrez. Vous déplacer habilement dans un endroit achalandé sans bousculer personne est aussi une forme d’entraînement.

Lorsque j’étais l’un des uchi deshi d’Ueshiba sensei, je lui lavais le dos chaque fois qu’il prenait un bain. Mon entraînement consistait en l’observation méticuleuse de ses réactions pour deviner ses moindres désirs et en leur satisfaction instantanée. Par exemple, lorsque venait le temps du lavage des cheveux je lui apportais immédiatement un seau d’eau chaude. J’attendais qu’il en ait terminé pour être en synchronisme et lui rincer la tête avec le contenu du sceau de la façon la plus plaisante. En exagérant un peu, on aurait pu dire que j’apprenais l’art de l’inspiration et de l’expiration. Il en était encore ainsi lorsque je lui frottais le dos en observant chaque mouvement de ses muscles. Tout ça constituait pour moi un bon entraînement.

Après le décès d’Ueshiba sensei ce sont les chiens qui sont devenus mes maîtres. J’ai toujours aimé les animaux et particulièrement les chiens. En fait, depuis mon enfance j’ai toujours possédé un chien. J’en ai eu un que j’ai particulièrement aimé. Ce chien venait de Shikoku et se nommait Ryû. Il était vraiment farouche et ne se laissait approcher que par moi. Chaque matin, à cinq heures, je me rendais avec lui au parc Shakujii. Comme il n’y avait personne à cette heure, j’en profitais pour le laisser aller à sa guise. C’est à ce moment que je m’employais à le surexciter et à le rendre mécontent. Lorsqu’il commençait à en avoir assez des inconforts que je lui faisais subir, après tout ce n’était qu’un animal, il m’attaquait sans relâche crocs à découvert. Au commencement, j’en étais quitte pour des morsures aux mains, aux bras, aux jambes, un peu partout. Puis, dès que je lui en donnais l’ordre, il s’arrêtait avec une sorte de sourire triomphant sur les babines, C’était un chien intelligent. C’est ainsi que j’avais, chaque jour, ces combats avec Ryû. Puis, vint un temps où je cessai de revenir blessé de ces rencontres matinales. Ce genre de pratique est dangereux et je ne le conseille à personne. À la mort de Ryû je fus saisi d’une profonde tristesse comme si j’avais perdu un maître.

Ceux qui tentent de maîtriser l’aïkido doivent rechercher toutes les occasions pour pratiquer et en profiter. De plus, vous ne devez jamais perdre votre sens de l’humilité même en présence d’un débutant. Un débutant qui pénètre pour la première fois dans un dojo ne sait rien de l’aïkido, il est dans un état de pureté. Comme il est pur, il pourrait posséder des habiletés qui vous manquent ou même vous permettre en travaillant avec lui de réaliser certaines de vos déficiences. C’est pourquoi il est nécessaire pour le disciple de considérer en toute humilité le néophyte comme son maître.

À un certain moment en 1963, un certain Shin Sôdô, maître de Shorinji kenpô, s’est présenté en kimono traditionnel à mon dojo de Chiku Hachiman et a demandé à voir une démonstration de ma technique. Je l’ai accueilli poliment et j’ai répondu à sa demande avec l’aide de mes étudiants. Après la démonstration, il m’expliqua que c’était ma réputation qui l’avait incité à me visiter et à me faire cette demande. Il ajouta qu’il avait été fortement impressionné par ce qu’il avait vu. Il ajouta qu’il aimerait, avec ma permission, intégrer ce qu’il avait vu dans sa propre pratique. Évidemment, j’en fus flatté. J’ai eu l’impression que c’était pour son grand respect des convenances qu’il avait choisi de se présenter en costume traditionnel. Et bien que ce fût un homme à la stature imposante, je n’avais ressenti aucune vantardise de sa part. Au contraire, il garda, tout au long de sa visite, une attitude modeste. Je fus fortement impressionné par son comportement et en vins à la conclusion qu’un véritable expert est vraiment différent dans sa façon d’approcher les gens. Son décès est une grande perte pour nous tous.

Une gratitude bien sentie
Durant ma jeunesse, j’ai agi librement. Pour cette raison, je fais un effort pour ne jamais oublier la gentillesse des personnes généreuses qui m’ont aidé et soutenu toutes ces années. En fait, je leur dois le succès dont je jouis aujourd’hui. Je me considère un homme vraiment chanceux parce qu’ils furent nombreux à m’aider. Il sera question plus en détail de ces bonnes gens, dignes de ma reconnaissance dans la deuxième partie de cet ouvrage qui traite de la période entourant la Deuxième Guerre. Dans l’immédiat, j’aimerais exprimer toute ma gratitude à mon père, Shioda Shiichi, ainsi qu’à Abe Munetaka, le proviseur de l’école secondaire Dairoku. Mon père m’a transmis deux préceptes que je souhaite continuer à appliquer dans ma vie : la justice garantit la victoire ; un moment de fierté est ce qu’il y a de plus dangereux. C’est lui qui m’a recommandé d’entreprendre la Voie de l’aïkido.

Bien sûr, je dois naturellement une grande reconnaissance à Ueshiba sensei. À plusieurs reprises lors du présent témoignage je mentionne la grandeur d’Ueshiba sensei. Vous m’excuserez de me répéter, mais c’est grâce à lui si je peux aujourd’hui gagner convenablement ma vie à l’aide de l’aïkido. Le souvenir de mes années passées auprès de lui, de mon entrée à son dojo en mai 1932 jusqu’à mon départ en 1941 puis durant une période après la guerre, est indélébile dans ma mémoire.

Puisque certaines personnes ne seront pas mentionnées dans la deuxième partie, j’aimerais en profiter pour leur exprimer ma profonde gratitude. Merci à Sasagawa Ryôichi sensei, le président de l’Association japonaise pour la promotion du canot automobile. M. Sasagawa est un homme qui croit aux vertus de la bienséance. Pour cette raison, il nous confia, en novembre 1963, la formation en aïkido de ses coureurs en canots automobiles ainsi que celle tous ses employés à son centre de formation technique de Motosu. Formation que nous continuons encore maintenant. Lorsque le temps est venu de construire le Kaganei honbû dojo (le siège social de notre organisation), il a fourni un généreux don pour sa construction et il continue chaque année à nous encourager financièrement en contribuant une partie de notre capital de fonctionnement. Sa générosité est vitale pour notre modeste dojo d’art martial.

J’aimerais aussi exprimer ma gratitude envers Katsuei Mori sensei aujourd’hui âgé de 95 ans en 1985. M. Katsuei occupait un poste de capitaine au sein de la marine marchande d’Osaka. Il fut, durant plusieurs années, le bienfaiteur de M. Laurens Van der Post. On se rappellera que ce dernier était l’auteur de Joyeux Noël, M. Lawrence (roman porté à l’écran par le cinéaste japonais Ôshima Nagisa). Il est un maître de kendo et demeure, malgré son âge vénérable, encore très actif. Appréciant l’aïkido comme le meilleur art martial, il ne laisse passer aucune occasion de me soutenir dans ma démarche en privé comme en public. Je lui suis très reconnaissant pour tout ce qu’il a fait pour moi. Me comparer à lui, malgré ma jeunesse, m’incite à faire preuve de plus de courage et de persévérance.
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