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AIKIDO JINSEI - deuxième partie

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AIKIDO JINSEI - deuxième partie Empty AIKIDO JINSEI - deuxième partie

Message  tof Mar 28 Oct - 11:18

Les chapitres qui vont suivre sont tirés d’Aikidô jinsei (Une vie consacrée à l’aïkido),
l’autobiographie de Gozo Shioda.
Ces extraits sont reproduits avec la gracieuse permission de l’auteur et de sa maison d’édition,
Takeuchi shoten shinsha.
Traduction française: Guy LeSieur
Reproduit ici avec l'aimable autorisation de Monsieur Stanley Pranin - Aiki News © .
deuxième partie
L’aïkido est le budô de l’harmonieVous ne pouvez pas affirmer que vous n’aurez jamais à intervenir : soit qu’une brute s’en prenne à un plus faible en votre présence, soit que vous soyez confronté à une injustice, ou que votre vie se trouve en danger. Si jamais cela se produisait, vous pourrez toujours compter sur les techniques de l’aïkido, que vous aurez apprises, pour maîtriser la situation. Cependant, vous devez vous garder de perdre le contrôle sur vous-même en laissant la haine vous envahir. Si cela devait se produire, vous perdriez cet état de pureté d’intention qui caractérise la juste exécution des techniques de l’aïkido. Vous pourriez alors subir une défaite imprévue ou, au contraire, répondre avec une violence démesurée pour vous défendre ce qui risque d’avoir de fâcheuses conséquences pour vous et votre ennemi. C’est pour cette raison qu’il faut toujours garder à l’esprit que l’aïkido est le budô de l’harmonie.

Parce que je suis de petite taille, ne mesurant que 1 m 54 et ne pesant que 50 kilos, je fus souvent provoqué à me battre. Dans ces situations, j’ai toujours tenté, autant que cela m’était possible, de désamorcer la confrontation par le rire. Cependant, il y eut des situations où cela n’a pas été possible.

Un soûlard tombe dans l’étang
Chaque matin je me lève à 5 heures, et durant une heure je fais une marche avec mon chien. Il m’arrive certains jours de prendre mon vélo ou de courir. Un jour, alors que je me promenais autour de l’étang du parc de Shakujii situé près de chez moi, un homme d’imposante stature est venu à ma rencontre. J’ai deviné par son comportement étrange qu’il était déjà, si tôt le matin, en état d’ébriété. Pour l’éviter, car il se dirigeait directement sur moi, je me suis rangé à droite, il se rangea à sa gauche comme s’il voulait me barrer la route. Le manège se répéta lorsque je me suis rangé à gauche pour l’éviter. Arrivé a ma portée, il tenta de m’empoigner par le revers de ma veste. Puisque je ne pouvais plus faire autrement, je déviai légèrement son bras et tentai de poursuivre ma route. C’est alors que j’entendis un bruit d’éclaboussement et l’homme avait disparu. À ma grande surprise, il s’était retrouvé dans l’étang. M’étant approché du bord, je lui demandai s’il avait besoin d’aide. L’homme tentait maladroitement de se hisser hors de l’eau en s’agrippant au rebord. Le pauvre avait l’air d’un génie des eaux (kappa) avec sa moumoute d’algues.

Je ne pus m’empêcher de me sentir un peu coupable de n’avoir pu me retenir de rire à sa vue, mais j’étais fort soulagé du fait qu’il se portait bien. De toute évidence, cet épisode avait quelque peu blessé son orgueil, car il quitta la scène sans rien dire.

Défi lancé par un professeur de karaté
Je suis de petite taille et je n’y peux rien. Mon petit gabarit fait croire à bien du monde qu’il est relativement facile de me vaincre. Bien que je m’en sois désolé, je fus, à plusieurs reprises, provoqué en combat singulier. C’est ainsi qu’un jour un sixième dan, professeur de karaté, se présenta au dojo sur recommandation d’une de mes connaissances. Il exigea de se mesurer à moi sur-le-champ. C’est avec réticence que j’accédai à sa demande. C’est au centre du dojo que nous avons pris respectivement nos positions de garde. Soudainement, il exécuta un shôken tsuki que je reçu dans la paume de la main tout en fusionnant avec son poignet. Le synchronisme parfait entre sa frappe et mon mouvement le projeta vers l’avant. Depuis cet incident, nous sommes devenus de bons copains.

Mesquinerie de deux soldats de l’armée d’occupation
C’est juste après la guerre que l’incident qui suit s’est produit. J’habitais alors le quartier de Tokorozawa. Pour le retour à la maison, j’avais pris place dans le dernier train du service offert par la ligne de chemin de fer Seibu qui se nommait encore Musashino à cette époque. À l’une des stations deux soldats de l’armée d’occupation montèrent. Ils étaient dans un état d’ébriété avancé. L’armée d’occupation régnait toute puissante sur le Japon et des actes répréhensibles commis par des soldats étaient choses courantes. Ces deux soldats s’amusaient ferme en tapotant la tête ou en tirant le nez des Japonais qui se trouvaient dans le wagon. Cependant, personne ne tenta de les arrêter et tous subirent cette insulte en baissant les yeux. L’un des deux se présenta éventuellement devant moi et tenta de passer sa main droite sur ma joue en disant « Papa san ». Gentiment, je lui saisi la main avec ma main gauche. Aussitôt, il tenta d’en faire autant avec sa main gauche que je saisis avec la droite pour appliquer un solide yonkajo à deux mains. Le colosse tomba au sol de tout son long. Malheureusement pour lui, le plancher de bois était recouvert d’une mince couche d’huile à cet endroit. Lorsqu’il se releva il était dans un piteux état. Son visage et ses vêtements étaient noirs comme du charbon. Cela a dû impressionner fortement ces soldats, car ils ne harcelèrent plus les passagers. Je me souviens encore très clairement du visage de tous les Japonais ravis de la conclusion de cet incident.

Une Japonaise agressée par des soldats de l’armée d’occupation
Dans la période qui suivit la guerre, les Japonais se sont retrouvés dans un état de léthargie avancé et ils ne réagissaient plus devant l’armée d’occupation. Même la police japonaise avait de la difficulté à contrôler la conduite abusive des membres de cette armée d’occupation. J’aimerais vous relater un exemple de cette conduite abusive. L’incident en question s’est produit au Jour d l’An de l’année 1947. L’après-midi en question, le soleil se trouvait encore assez haut dans le ciel et je retournais à la maison après m’être rendu chez des parents pour leur offrir mes vœux de Bonne Année. Arrivé à la station Ebisu, je remarquai un attroupement de personnes fort agitées devant le petit poste de police. M’étant faufilé à travers le groupe de personnes, je pus voir une jeune ménagère en pleurs devant un policier. D’après ce que j’avais pu comprendre, la jeune femme avait été agressée par un soldat noir de l’armée d’occupation dans une rue tout près du poste de police. Ayant fait part au policier de mon indignation relativement à cette conduite inacceptable, particulièrement de la part d’un membre de la force d’occupation, je l’enjoignis d’aller arrêter le malfaisant sur-le-champ. L’air perplexe le policier rechigna à ma requête marmonnant que c’était tout de même un soldat de l’armée d’occupation. À cette époque, même le service de police ne voulait pas intervenir dans ce genre d’histoire. Même si c’était un soldat américain il n’y avait pas d’excuse pour ce genre de conduite. Alors, je lui ai dit : « Je vais m’en charger. Je vous prie d’appeler la police militaire immédiatement ». Le policier me jugea du regard et dit : « Vous ? C’est impossible ! Ne vous en mêlez pas ! » Il tenta de s’interposer par charité, mais je réussis à me dégager pour me précipiter en direction du soldat fautif. J’entendis alors un cop de feu. Lorsque je me suis tourné dans la direction d’où il provenait, j’ai vu six soldats noirs rassemblés. L’un d’eux menaçait en riant les personnes autour de lui en tenant son arme de poing au-dessus de la tête. Les passants fuyaient paniqués et certains se réfugiaient dans les boutiques avoisinantes. Je m’approchai de l’homme avec précaution. Peut-être m’avait-il confondu avec un enfant, toujours est-il qu’il me tourna le dos. J’ai profité de cette chance pour fondre sur lui tête baissée. À l’instant même où il s’est retourné, je le frappai du revers de ma main à plusieurs reprises en sautant pour l’atteindre. Pendant qu’il était désorienté par cette manœuvre, j’en profitai pour lui retirer l’arme et la lancer au loin. Puis, appliquant la technique du shionage, je le projetai au sol. C’est à ce moment que j’entendis le hurlement de la sirène du véhicule de la police militaire. Comme on pouvait s’y attendre, les six soldats furent maîtrisés par la police militaire avant d’avoir eu le temps de fuir.

De retour au poste de police, l’attitude du policier à mon égard avait complètement changé et sa façon de me parler était maintenant imprégnée du plus grand respect. Cependant, la jeune ménagère, toujours en larmes, disait être dans l’impossibilité de retourner chez elle. Tout en la réconfortant, je la raccompagnai jusqu’à son logis qui se trouvait tout près. Son mari qui m’ouvrit la porte et je lui dis que sa femme était tombée dans un fossé, ce qui expliquait l’état lamentable de son kimono. C’est parce que je l’avais prise en pitié que j’avais cru de mon devoir de la reconduire. Son mari fut plein de reconnaissance pour mon geste et m’invita à entrer. La jeune femme, qui maintenant s’était remise de ses émotions, me servit du « riz argenté » (riz blanc), ce qui était une denrée assez rare durant cette période. Puis, je suis rentré chez moi.

Je ne relate pas ces incidents pour me vanter. L’aïkido est l’art martial de l’harmonie, vous ne devriez pas y recourir pour provoquer des situations conflictuelles. Cependant, confronté à une situation inévitable, vous êtes naturellement prêt à faire face à celle-ci en exécutant les techniques adéquates. Ces techniques vous les aurez acquises par une pratique régulière qui vous aura permis d’en comprendre toute l’essence. C’est ce que j’ai tenté de vous montrer en relatant ces épisodes.

Être au meilleur de sa forme en tout temps
Les arts martiaux se distinguent particulièrement des sports par la façon de se préparer au combat. En effet, le but des sports de compétition est d’attendre sa condition maximale au moment de la prochaine rencontre. Dans un art martial comme l’aïkido, le but est d’être à son meilleur tout le temps peu importe la situation. Que vous soyez sous l’effet de l’alcool ou en mauvaise condition physique vous devriez être capable de vous en tirer. Les excuses et les faux-fuyants ne vous tireront pas d’une fâcheuse position. Je voudrais partager avec vous une anecdote dans laquelle Ueshiba sensei fit la démonstration de ce principe, une histoire qui m’a fortement impressionné.

C’était en 1939, je crois. À cette époque, l’amiral Isamu Takeshita était le président du Ueshiba dojo. C’est en cette qualité qu’il avait demandé à Ueshiba sensei de faire une démonstration pour la famille impériale au Saineikan. Ueshiba sensei refusa l’offre en disant : « En aïkido, la victoire est décidée en un éclair. D'aucune façon, votre adversaire ne doit être en mesure de se relever et de vous attaquer à nouveau. Si c’est le cas, c’est truqué. Je ne voudrais pas offrir le spectacle d’une telle parodie à la famille impériale ». L’amiral ayant insisté Ueshiba sensei céda finalement à sa demande et se retrouva au Saineikan.

Ce furent M. Tsutomu Yukawa et moi-même, ses meilleurs élèves de l’époque, qui l’accompagnèrent pour l’événement. Ueshiba sensei souffrait alors d’un sévère accès de jaunisse et ne buvait que de l’eau depuis une dizaine de jours. Il était à ce point affaibli qu’il devait s’appuyer sur nos épaules pour enfiler son kimono ou se déplacer. Nous nous sommes regardé le regard inquiet, M. Yakawa et moi, en nous demandant si le maître était vraiment en état de faire la démonstration. Tant bien que mal, nous avons réussi à le faire monter à bord de la voiture nous menant au Saineikan. À notre arrivée, nous avons dû l’aider à descendre et à marcher. Alors que nous approchions l’entrée du dojo où la famille impériale était visible, les yeux du sensei se mirent à briller et il pénétra dans le dojo avec un maintien plein d’autorité et en pleine possession de ses moyens. Une transformation complète s’était opérée. Après les formalités extrêmement élaborées d’usage, la démonstration put commencer. Celle-ci devait durer quarante minutes où, à tour de rôle en commençant par Yukawa pour les premières vingt minutes, nous devions servir de partenaire à Ueshiba sensei.

D’entrée de jeu, Yukawa semblait attaquer le maître avec ménagement par égard à sa condition. Cependant, le puissant ki du sensei avait atteint son maximum et Yukawa fut projeté avec une force telle qu’il se retrouva sur le plancher incapable de se relever. M’étant précipité pour l’aider à se redresser, je me rendis compte que son bras était fracturé. C’est ainsi que je suis devenu le partenaire du maître durant tout le temps que dura la démonstration. À la différence d’Yukawa, je ne pouvais pas retenir mes attaques et c’est à fond de train que je l’attaquais. Aussitôt projeté, je me relevais pour attaquer de nouveau. Immobilisé par un contrôle au sol, dès que le maître me relâchait je me relevais pour reprendre l’initiative. Je fus impressionné par la force incroyable du maître. Miraculeusement, j’ai pus remplir mon rôle d’uke tout le long de la démonstration. Ce n’est que plus tard que j’ai payé le prix pour tant d’efforts : j’ai eu de la fièvre et il m’a fallu garder le lit pendant une semaine.

Je fus sidéré du changement qui s’était opéré chez Ueshiba sensei lors de cette démonstration. Un véritable expert en arts martiaux peut, à tout moment et indépendamment de la condition physique dans laquelle il se trouve, faire face à une urgence en possession de tous ces moyens. C’est cette très importante leçon que m’a apprise Ueshiba sensei au cours de cette expérience. C’est en cela que diffère la préparation mentale qu’opère la pratique des arts martiaux de celle qu’offrent les sports de compétition. Ueshiba sensei avait l’habitude de nous dire : « Le moment où je serais à mon plus fort sera celui de ma mort ». Ces paroles se sont avérées, ce que j’ai pu constater lorsque je lui ai rendu une dernière visite avant sa mort.

Peu importe sa condition, le maître avait toujours insisté pour se rendre aux toilettes sans aide. Lorsque quatre de ses élèves les plus forts eurent tenté de l’empêcher de se lever de son lit en l’empoignant par les bras de chaque côté, alors qu’ils sentaient que sa fin était proche, ils furent projetés dans le jardin. Ueshiba sensei a été jusqu’à sa mort un véritable homme de budô.

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